"La Guzla" de Prosper Mérimee : les origines du livre - ses sources sa fortune : étude d'histoire romantique : thèse pour le doctorat d'Université

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CHAPITRE PREMIER.

pris tout au plus quelques notes fugitives sur les usages dont ils méconnaissaient le plus souvent le véritable objet, au milieu d’un peuple dont ils ignoraient jusqu’à la langue {sic) ». Après cette sévère critique, quoi de plus naturel qu’une confiance universelle en l’érudition slavicisante de Nodier. L’année suivante (1816), il en reçut le premier témoignage : on le chargea de composer l’article sur Forlis pour la Biographie universelle de Michaud. Cet article est conservé dans la dernière édition du même dictionnaire. En 1820, L. Rincovedro (est-ce un pseudonyme?), dans un article sur les romances espagnoles, où il blâme l’hispanisme fantaisiste des frères Hugo, espère queM. Ch. Nodier va donner bientôt sa traduction depoésies nationales des Morlaques, « qui chantent encore le succès de Scander-Beg et les malheurs de SpalatinBeg 1 ». Quelques mois plus tard, les journaux annoncent comme un événement littéraire la prochaine publication d’un poème traduit de l’esclavon par M. Nodier. Les Annales de la littérature et des arts, qui se font l’écho de ce bruit, demandent à leur estimable collaborateur son manuscrit et en détachent une page « qui pourra donner une idée de l’ouvrage original et du mérite de la traduction 2 ». En 1836, quand on a besoin d’un article sur la « langue {sic) et la littérature illyrienne » pour le Dictionnaire de la conversation, c’est encore à M. Ch. Nodier, de l’Académie françoise, que l’on confie ce travail. Il envoie, naturellement, ses vieux feuilletons, qui auront

1 Minerve littéraire, t. I, p. 354. ? Annales de la littérature et des arts, t. IV, pp. 262-264.