"La Guzla" de Prosper Mérimee : les origines du livre - ses sources sa fortune : étude d'histoire romantique : thèse pour le doctorat d'Université

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CHAPITRE 11.

i 1 DÉFINITION DE LA BALLADE Aujourd’hui le nom de ballade sert à désigner deux sortes de poèmes tout à fait différents ; la première est « soumise à des règles rigoureusement précises », la seconde « flottante, indéterminée, difficile à définir et à caractériser, qui tend à devenir en tout pays synonyme de chansons populaires, dans la mesure où ce mot luimême désigne, comme on l’entend bien, les chansons légendaires, et non pas les couplets qui s’échappent du tréteau de nos cafés-concerts, pour se répandre à travers les rues des grandes villes' 1 ». Nous n’aurons pas à nous occuper du premier genre, celui de la ballade classique comme en avaient composé Froissart, Eustache Deschamps, Christine de Pisane, Alain Chartier, Charles d’Orléans, Villon ou Marot. Il n’a, du reste, presque aucun rapport avec le second, si ce n’est la même étymologie (ballar, danser, sauter). Rappelons seulement que la ballade classique est morte depuis le xvi e siècle, malgré quelques tentatives pour la remettre en honneur, faites au xvn e siècle par La Fontaine et M me Deshoulières, de nos jours par Théodore de Banville, Albert Glatigny, François Coppée et M. Jean Richepin 2 ; résurrections passagères et artificielles. Quant à la ballade romantique, remarquons que, dans le sens de « chanson populaire», le nom te, ballade

1 F. Brunetière, art. « ballade » dans la Grande Encyclopédie. - Ibid.