"La Guzla" de Prosper Mérimee : les origines du livre - ses sources sa fortune : étude d'histoire romantique : thèse pour le doctorat d'Université

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CHAPITRE 11.

plus tard il revenait sur le môme sujet dans le Mercure du X IX* sièçleC Le baron d’Eckstein, philosophe bien connu, donna en 1823 trois articles sur les Ecldas Scandinaves, dans les Annales de la littérature et des arts, journal de la Société des Bonnes-Lettres 2 . Cette même année 1823, Claude Fauriel achevait, pour le faire paraître en 1824-23, chez Firmin Didot, le premier recueil dans ce genre qui fût publié en France, les Chants populaires de la Grèce moderne (2 vol. ; texte original et traduction française en regard). Malgré son caractère scientifique, cet ouvrage obtint un succès presque exclusivement littéraire : ce qui n’étonnera pas si l’on se rappelle, que son auteur, avant de le publier, avait déjà contribué au mouvement romantique par son influence sur Manzoni, dont il traduisait les tragédies après les avoir inspirées 3 . Chez cet original qu’était Fauriel, « l’homme dégoût, l’homme délicat et sensible se retrouvait jusque dans l’érudit en quête du fond et dans l’investigateur des mœurs simples 4 ». Son amour pour l’àge où la poésie spontanée et naturelle s’épanchait librement était des plus entiers et des plus sincères. Il est difficile cependant de prétendre que, par une sorte d intuition géniale, il ait pu comprendre tout le charme du primitif, sans y

1 T. I, pp. 461 et suivi Le premier écrivain français qui avait collectionné les chansons populaires grecques fut La Guilletière, auteur de la Lacédémone nouvelle et ancienne (1676). T. IX. Le baron Eckstein écrivit également, trois ans plus tard, dans sa revue le Catholique, deux longues notices sur la poésie populaire serbe. Nous en parlerons dans le paragraphe suivant, qui sera ■consacré spécialement à celte poésie. 3 Sainte-Beuve, Portraits contemporains, t. IV, pp. 206-208 (éd. 1870). Angelo de Gubernatis, Il Manzoni ed il Fauriel studiati ne! loro carteggio inedilo, 2” édition, Rome, 1880. ■'. Sainte-Beuve, Portraits contemporains, t. IV, p. 230.