"La Guzla" de Prosper Mérimee : les origines du livre - ses sources sa fortune : étude d'histoire romantique : thèse pour le doctorat d'Université

LA BALLADE POPULAIRE AVANT « LA GUZLA ».

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le Conservateur littéraire des frères Hugo (1819-1821), par la Minerve littéraire (plus tard VAbeille'} à laquelle un certain L. Rincovedro (est-ce un pseudonyme?) fournira de longs et de curieux articles sur la littérature espagnole, dans lesquels se trouvent déjà signalées les étranges libertés de Victor Hugo à l’égard de l’Espagne. Il sera mis à la mode surtout par la collection publiée en 1821 par Abel Hugo : Romancero e historia del rey de Espana don Rodrigo, qui fut, s’il faut en croire Sainte-Beuve, le seul livre espagnol que posséda Victor Hugo 1 ! En 1825 paraîtra le Théâtre de Clara Gazul de Mérimée; en 1826, Chateaubriand fera enfin imprimer son Dernier des Abencérages, ce « premier témoignage rendu par l’école romantique àun pays si inconnu 2 » (il l’avait écrit en 1809). En 1828, Émile Deschamps publiera sa traduction du Romancero, très belle mais assez fantaisiste, dans ses Études françaises et étrangères, et la fera précéder d’une préface romantique qui est restée fameuse 3 . Viendront ensuite Alfred de Musset avec ses Contes d’Espagne et d’ltalie, Théophile Gautier avec Tra-los-Montes, puis toute une série d’autres ouvrages, avant qu’en 1845 Mérimée ne commence la période naturaliste avec sa Carmen I *. Vers 1820, on se mit en France à étudier avec plus d ardeur la poésie populaire des pays étrangers. JeanAlexandre Buchon, historien estimable (1791-1846), publia en 1821, deux ans avant le recueil de Claude Fauriel, un article relatif aux chants populaires des Grecs modernes, dans le Constitutionnel ; deux ans

1 Sainte-Beuve, Lettre-Préface à VÉtude sur l'influence anglo-germanique au XIX’ siècle, par William Reymond, Berlin, 1864. 3 Joseph Texte, Revue des Cours et Conférences du 13 février 1896. 3 Gustave Lanson, art. cité. 4 Ibid.