"La Guzla" de Prosper Mérimee : les origines du livre - ses sources sa fortune : étude d'histoire romantique : thèse pour le doctorat d'Université

LA BALLADE POPULAIRE AVANT « LA GUZLA ».

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du Roi Dagobert était l’ouvrage de quelque Anglais ou Allemand, elle enchanterait probablement toute l’école » Quelques années plus tard, Henri de Latouche adressait le même reproche aux jeunes novateurs : « Ce n’est pas ainsi, disait-il, que les Allemands ont agi envers leur pays : écouter dans leurs chants l’accent de la patrie et songer àla vôtre 2 . »En vain Edmond Géraud regrettait-il « qu’il ne soit tombé dans la pensée d’aucun homme de goût de faire quelques voyages à travers nos provinces, avec le projet d’y recueillir nos chansons historiques et ces vieilles romances qui se chantent encore dans nos veillées de village ou dans les travaux de la campagne 3 ». Ce sera en 1840 seulement que M. de La Villemarqué publiera son Barzaz-Breiz, la première collection de la poésie populaire indigène. i 5 LA BALLADE POPULAIRE SERBO-CROATE Les chants « illyriens » on peut presque le dire étaient célèbres avant d’avoir été connus. En 1768, Klopstock, qu’ils intéressaient, proposait qu’on en fît un recueil. Goethe en traduisait en 1775, Herder en 1778, Walter Scott en 1798. Corinne, où M me de Staël parlait des « improvisateurs dalmates », est de 1807. > Dès 1813, Nodier s’occupait de ces improvisateurs. La

1 Journal des Débats, 25 juillet 1814. 2 Cité par M. Léon Séché dans son livre le Cénacle de la Muse française, p. ix. 3 Voir ci-dessus, pp. ,151-152.