"La Guzla" de Prosper Mérimee : les origines du livre - ses sources sa fortune : étude d'histoire romantique : thèse pour le doctorat d'Université

LA BALLADE POPULAIRE AVANT « LA GUZLA ».

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à Nodier, quand il attaquait les écrivains qui « vont même jusqu'à prétendre nous faire admirer les plus misérables rapsodies qu’ils découvrent sur les bords de la Baltique, ou de l’Adriatique, ou du détroit de Gibraltar». En réalité, l’article d’où nous tirons cette citation fut écrit en 1818, quelques mois seulement après la réimpression des feuilletons slaves de Nodier, dans les Débats 1 . Au mois d’avril 1819, on parla pour la première fois de Karadjitch en France. La Revue encyclopédique remarquait qu’il venait de paraître à Vienne un Dictionnaire de la langue illyrienne ou serbe, par M. Stéphane witsch. Il contient plus de trente mille mots illyriens, y disait-on, usités dans le pays et expliquésen allemand et en latin. Le même auteur a publié, en 1814, une Grammaire illyrienne, la première qui ait été écrite.sur cette langue, et une collection de chansons nationales. Comme ]a langue illyrienne est fort riche en ce genre, celle première collection fut suivie, en 1816, d’une seconde, dans laquelle on trouve aussi dix-sept morceaux de poésie épique. L'ouvrage, commencé par feu le professeur Schloetzer, à Gœttingue, pour faire connaître une langue si peu répandue et pourtant assez bien cultivée, est maintenant continué par M. Stéphanowitsch sur un plan plus étendu 2 . Mais le premier journal qui s’occupa de la collection de chants serbes, paraît avoir été le Globe. Cette publication, dont on connaît le rôle important dans l’histoire du romantisme français, contenait dans son quatrième numéro un article très significatif : une notice sur les Chants populaires des îles de Foeroe\ où l’on remar-

1 Spectateur français, Paris, 1815, n' 91. 2 Revue encyclopédique, avril 1819, p. 169. 3 Hans Christian Lyngbye, Fœroislte Qvaeder om Sigurd Fafnersbane og hans œt. Med et Anhang. Randers, 1822, in-8° (texte islandais et danois). En même temps, le Globe publiait une quantité de chansons grecques ; inédites, de la traduction Fauriel.