"La Guzla" de Prosper Mérimee : les origines du livre - ses sources sa fortune : étude d'histoire romantique : thèse pour le doctorat d'Université

PROSPER MÉRIMÉE AVANT « LA GUZLA ».

189

concerne son goût pour la poésie primitive et la mystification. S i LES DÉBUTS LITTÉRAIRES DE MÉRIMÉE Prosper Mérimée est né à Paris, le 28 septembre 1803. Son père était un peintre de talent ; il avait une érudition professionnelle peu commune: nous avons de lui un livre d’assez grande valeur (faussement attribué à son fils par quelques biographes mal renseignés) sur la Peinture à l’huile et les procédés matériels employés dans ce genre de la peinture depuis Hubert et Jean van Eyck jusqu’à nos jours. Nommé en 1807 secrétaire de l’École des Beaux-Arts, Léonor Mérimée, alors âgé de cinquante ans seulement, abandonna son atelier de peinture pour se consacrer complètement à ses travaux favoris, aux analyses chimiques des couleurs et des vernis. « De même son fils, nommé à l’Académie française, renoncera, à quarante-deux ans, aux œuvres d’imagination qui lui avaient valu une légitime renommée, et se consacrera presque exclusivement à des travaux historiques et à des études d’archéologie fi » Sa mère, qui était une personne très intelligente et très spirituelle, c’est Stendhal qui nous le dit et cela veut beaucoup dire 2 , s’était fait un renom avec ses portraits d’enfants. Elle avait reçu une éducation dixhuitième siècle qu’elle avait transmise à son fils. Dans un âge mûr, sénateur et académicien, Prosper Mérimée se vantait avec plaisir de n’avoir jamais été baptisé, et

1 Edmond Biré, Portraits littéraires, Lyon, 1888, p. 5 s Stendhal, Souvenirs d’égotisme, Paris, 1893, p. 109,