"La Guzla" de Prosper Mérimee : les origines du livre - ses sources sa fortune : étude d'histoire romantique : thèse pour le doctorat d'Université

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chapitre ni.

les personnes charitables, comme M me de La Rochejaquelein, essayaient en vain de le convertir. Il était fils unique et, semble-t-il, cet état lui fut profitable. C’est ainsi qu’au collège Henri IV où l’avaient mis ses parents, il se distinguait par l’élégance de sa tenue et par sa connaissance précoce de l’anglais 1 : deux choses qui serviront aussi bien l’homme de lettres que l’homme du monde. Il ne manifesta, en revanche, aucun goût pour les exercices scolaires. « Tandis que ses camarades Ampère et Saint-Marc Girardin portaient haut le drapeau de Henri IV dans les luttes du concours général; tandis qu’à la même époque Cuvillier-Fleury et Sylvestre de Sacy, au collège Louis-le-Grand, SainteBeuve et Vitet, au collège Charlemagne et au collège Bourbon, préludaient à leurs succès académiques par leurs succès de rhétoriciens, Prosper Mérimée ne semblait pas très jaloux de leurs lauriers 2 . »Il se permit même de redoubler une classe (1816) 3 , « sans doute, dit M. Filon, parce qu’il n’avait pas la faconde diluvienne des rhétoriciens du temps ». Au collège il lia amitié avec Jean-Jacques Ampère, amitié qui durera jusqu’à la mort de ce dernier. C’est ainsi que le 18 mai 1848 Mérimée pourra dire, recevant son ami à T Académie française, en qualité de directeur: « Il

1 Maurice Tourneux, Prosper Mérimée, comédienne espagnole et chanteur illyrien, Paris, 1887, p. 1. 2 Biré, op. ait., pp. 8-9. « Si les premières éludes de Mérimée furent un peu négligées, il ne devait au surplus guère y paraître dans l’avenir. Il répara vite le temps perdu. Il ne possédera pas moins de huit langues :1e latin, le grec ancien et moderne, l’anglais, l’espagnol, l’italien, l'allemand et le russe, sans parler des patois et des jargons qui se rattachent plus ou moins à ces langues, et de l’arabe, qu’il eut aussi la fantaisie d’apprendre. » 3 Félix Ghambon, lettres médites de Prosper Mérimée, Moulins, 1900, Introduction, p. xn.