"La Guzla" de Prosper Mérimee : les origines du livre - ses sources sa fortune : étude d'histoire romantique : thèse pour le doctorat d'Université

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chapitre m.

Corsaire et Lara et commençaient à se passionner pour Don Juan, qui, même pour la plupart des admirateurs français de Byron, était « quelque chose d'horrible » que seuls pouvaient goûter quelques byroniens avancés, comme Stendhal 1 . Ampère, lui, le savait par cœur ; quant à Mérimée, c’était merveille de lui entendre lire et commenter le poème 2 . Léonor Mérimée voulut faire son fils avocat. Avec un sentiment de fierté paternelle écrivait-il, le 22 novembre 1821, à son ami Fabre : « J’ai un grand fils de dix-huit ans, dont je voudrais bien faire un avocat. 11 a des dispositions pour la peinture, au point que, sans avoir jamais rien copié, il fait des croquis comme un jeune élève et il ne sait pas faire un œil. Toujours élevé à la maison, il a de bonnes mœurs et de l’instruction s . » Le jeune Prosper passa sa licence en droit en 1823, après avoir suivi les cours du Collège de France et après avoir étudié un peu de tout, jusqu’à la magie et la cuisine 4. A cette époque il ne s’était pas encore essayé dans la littérature; du moins ne connaît-on rien de lui avant cette épave qu’on appelle, on ne sait pourquoi, la Bataille*, car c’est seulement le titre du premier chapitre. Ces quelques pages sont du 29 avril 1824 fi .

1 E. Estève, op. oit., p. 70. 2 É.-.J. Delécluze, Souvenirs de soixante années, Paris, 1862, pp. 222-223. A. Filon, Mérimée et ses amis, p. 17. Ampère, Correspondance, t. I, p. 279. 3 M. Tourbeux, op. ait., p. 1. 4 F. Ghambon, Notes sur Mérimée, p. 4. Le même, Lettres inédites de Prosper Mérimée, p. xiv. 5 Publiée pour la première fois en 1888 par M. Tourneux dans l’ouvrage que nous citons plus liant. 6 M. Hugo P. Thieme, à la page 276 de son Guide bibliographique de la littérature française de 4800 à 1906 (Paris, 1907), attribue à