"La Guzla" de Prosper Mérimee : les origines du livre - ses sources sa fortune : étude d'histoire romantique : thèse pour le doctorat d'Université

PROSPER MÉRIMÉE AVANT « LA GUZLA ».

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musat ». Le Journal des Débats reconnut que « M. de Lestrange nous a rendu service en traduisant ce théâtre » (4 juillet 1825), tandis que le Journal de Paris s’empressa « d’avouer au public français qu’un de nos compatriotes est caché sous la mantille de cette comédienne imaginaire» (8 août et 21 septembre 1825). L’auteur de Racine et Shakespeare fut très satisfait du succès de son disciple; à cette occasion il écrivit aux journaux anglais 1 pour louer le naturel de Mérimée; son manque de sentimentalité ; 1 habileté à développer les caractères; la profondeur de son observation; sa connaissance des passions, —■ en faisant ainsi une sorte de portrait de Stendhal, par Henri Beyle. Le London Magazine traduisit de suite les Espagnols en Danemark (juillet 1825) ; quelques mois plus tard parut la traduction anglaise complète de Clara ér«<®Z 2 ; la traduction allemande se fit attendre encore vingt ans 3 . Cet ouvrage n’en fît pas moins la réputation littéraire de Mérimée qui a tenu à honneur pendant plusieurs années de mettre pour signature au bas de chacun de ses écrits : par l’auteur du Théâtre de Clara Gazul; comme Walter Scott avait inscrit pendant longtemps, au bas de chacun des siens : par l’auteur de Waverley. Cette réputation, sinon imméritée, était prématurée et ne correspondait pas au vrai caractère de Mérimée, car, un jour, il sera le premier à reconnaître qu’il n’avait pas « la moindre habitude de la scène » et qu’il

1 London Magazine, juillet 1825, pp. 401-404. New Monthly Magazine, août 1825 (Foreign publications). Cf. Doris Gunnell, Stendhal et l’Angleterre, Paris, 1908, pp. 382, 387, 392. 3 The Plays of Clara Gazul, a Spanish comedian ; with Memoirsof ber Life. London : prinled for Geo. B. Wittaker, 1825, in-8“. 3 Tasçhenbibliothek Klassiscber Romane des Auslands : n“ 3-12 et 19-22. Prosper Mérimée’s Werke. Dus Theater der spanischen Schauspielerin Clara Gazul, übersetzt von Karl Herrmann. Stuttgart, 1845.