"La Guzla" de Prosper Mérimee : les origines du livre - ses sources sa fortune : étude d'histoire romantique : thèse pour le doctorat d'Université

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CHAPITRE 111.

tiellement une arme défensive. Comme Stendhal, on l’a déjà remarqué, il possédait une méfiance instinctive, une peur de paraître ridicule, une « préoccupation constante qu’on ne le surprît pas en flagrant délit d’émotion 1 ». Au fond, cet ironiste ne manquait ni de sensibilité ni d’enthousiasme : les nombreuses correspondances intimes qu’on a publiées depuis sa mort le prouvent suffisamment. Aussi le jour où il entra dans le camp romantique, car il y fut un moment, il se trouva un peu ahuri du bruit belliqueux et de l’esprit de fanfaronnade qui y régnaient. Non pas qu’il abhorrât dès cette époque le fanatisme littéraire de sa génération ; mais il le jugea, pour sa part, ridicule. Il ne voulut pas être pris au sérieux ; affectant la désinvolture du dilettante ou la brutalité du « blasé », se moquant le premier de son ardeur de néophyte, il sut désarmer la raillerie, en attendant le jour où il se mettra si peu dans son œuvre qu’il n’aura plus le même besoin de recourir à la mystù fication.

1 Henri Lion, Pages choisies de Mérimée, Paris, 1897, Introduction.