"La Guzla" de Prosper Mérimee : les origines du livre - ses sources sa fortune : étude d'histoire romantique : thèse pour le doctorat d'Université

DATE DE « LA GUZLA ».

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Mont Dore, entrepris en compagnie de ses amis de Jussieu, J.-J. Ampère était parti vers la Suisse, pour fuir cette proposition de mariage qui finit si tragiquement 1 . Il ne revint à Paris qu’au mois de novembre 1827, soit trois mois après la publication de la Guzla. On ne pouvait donc en 1827 former le plan d’un voyage en Illyrie. D’autre part, comme le témoignent les recherches de M. Maurice Tourneux, l’exécution matérielle du volume était en bonne Voie dès le printemps 1827 2 ; or, Mérimée lui-même ne déclare-t-il pas que son livre fut écrit pendant un automne et à la campagne, « en une quinzaine de jours 3 » ? Ainsi cet automne ne saurait être celui de 1827 (le livre, du reste, parut vers la fin dé juillet); c’est ou celui de 1826, ou même celui de 1825. A ce sujet nous relevons dans une lettre de Mérimée à Albert Stapfer, écrite le 3 août 1826, mais publiée tout récemment 4 , une courte phrase aussi suggestive que mystérieuse. « La Morlaquène est au diable », mandait-il de Boulogne-sur-Mer, où il passait les vacances, avec des amis. Nous ne savons pas ce que veut dire ce mot de Morlaquène, qui porte, il nous semble, une marque nettement stendhalienne. Serait-ce un ouvrage sur les Morlaques, le Voyage de Fortis par exemple, que Mérimée aurait eu fini de lire ? ou bien, est-ce un surnom appliqué par lui à l’un de ses amis ? M. Félix Chambon, qui a eu l’extrême obligeance de mettre à notre disposition sa vaste érudition mériméiste, penche pour

1 Par la mort de la jeune fille, M Ue Cuvier. (A.-M. et J.-J. Ampère, Correspondance, t.l, p. 372.) 2 Maurice Tourneux, L’Age du romantisme, 5 e livraison, p. 8, 3 Lettre à Sobolevsky. 4 Pro Memoria P. M., Paris, 1907, pp. 76-78.