"La Guzla" de Prosper Mérimee : les origines du livre - ses sources sa fortune : étude d'histoire romantique : thèse pour le doctorat d'Université

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chapitre iv.

cette dernière hypothèse et croit que le mot désignerait Victor Jacquemont ou Stendhal. On n’apportera probablement pas de réponse définitive à la question, mais ce qui est certain, et suffisant pour le moment, c’est qu’à l’époque où Mérimée écrivait cette ligne, c’està-dire, jour par jour, une année entière avant la publication de la Guzla, il s’occupait delà « Morlaquie »et des « Morlaques », en parlait à ses amis et y faisait des /allusions qui étaient comprises de ses familiers. Cela est d’autant plus important à constater que, quelques admirateurs trop fervents de Mérimée mystificateur (et, nous l’avouons, nous sommes parfois de ce nombre), ne cessent pas de représenter la Guzla comme un livre improvisé même en matière d’impression, comme si elle avait été écrite, composée, imprimée, reliée, mise dans le commerce, enfin, oubliée par son auteur lui-même, dans l’espace du seul et beau mois d’août de l’an de grâce 1827. M. Chamhon pense que la Guzla fut peut-être écrite en collaboration avec Ampère 1 . Cela est fort possible, mais les preuves suffisantes nous font toujours défaut,. Les lettres de Mérimée à Ampère sortiront-elles un jour de quelques cartons oubliés et jetteront-elles une nouvelle lumière sur les origines du recueil de ballades illyriques? Nous n’en savons rien. Pourtant, si nous ne pouvons dire certainement que la Guzla fut écrite en collaboration avec Ampère, nous croyons pouvoir assurer qu’elle futécrite(du moins dans sa plus grande partie) sous les yeux du « compagnon de voyage ». C’est Mérimée même qui le raconte dans sa lettre à Sobolevsky, et qui le laisse entendre dans la préface de 1840 : «On me mit au défi ; et le lendem.ain j’apportai à mon com-

1 F. Chambon, Notes sur Prosper Mérimée, Paris, 1903, p. 5.