"La Guzla" de Prosper Mérimee : les origines du livre - ses sources sa fortune : étude d'histoire romantique : thèse pour le doctorat d'Université

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CHAPITRE IV.

Tiennes et vu un joueur de guzla, par Fauriel, peut-être, qui avait passé, en 1824, quelques mois à Trieste (où les chanteurs serbes n'étaient pas plus rares que les chanteurs grecs, qu’il y cherchait alors) ou bien par Fulgence Fresnel, cousin de Mérimée, qui fournit à l’auteur certains « renseignements » sur l’lllyrie où il avait fait de nombreux voyages, si nous nous en rapportons à Eugène de Mirecourt 1 et à la Littérature française contemporaine de Bourquelot et Maury 3 . Grâce à M. Tourneux, nous savons maintenant que Mérimée n’obtint ce dessin qu’au moment où la Guzla s’imprimait déjà; il avait envoyé d’abord à son éditeur strasbourgeois, le 22 mars 1827, deux croquis de la guzla (qui sont, semble-t-il, de sa main, et que M. Tourneux a reproduits dans sa brochure Prosper Mérimée, comédienne espagnole et chanteur illyrien) ; plus tard, le portrait de Maglanovich prit définitivement place en tète du volume. Ni M. Tourneux, ni M. Félix Chambon n’ont su dire qui était le mystérieux artiste qui signa : A. Br. M. Lucien Pinvert penche pour le nom de Mérimée lui-même 3 . Il est difficile de le prétendre ou de le nier, car le procédé de reproduction (la lithographie) n’est pas un de ceux qui respectent l’original. Mais revenons à notre poète. Mérimée nous assure qu’Hyacinthe était un ivrogne incorrigible et qu’il ne pouvait jamais chanter sans avoir fait une copieuse libation d’eau-de-vie.

1 Mérimée, p. 40. 2 Tome V, p. 372. Fulgénce Fresnel avait visité l’ltalie pendant l’année 1826, et c’est alors, sans doute, qu’il passa la mer Adriatique, Il était un orientaliste distingué, mais ne connaissait pas les langues slaves. (Cf. la notice nécrologique que lui a consacrée Jules Mohl dans le Journal asiatique, 1857, pp. 12-22.) 3 Lucien Pinvert, Sur Mérimée, Paris, 1908, p. 65.