"La Guzla" de Prosper Mérimee : les origines du livre - ses sources sa fortune : étude d'histoire romantique : thèse pour le doctorat d'Université

LE MERVEILLEUX DANS « LA GUZLA ».

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« 1 art avec lequel M me Panckoucke a adouci quelques teintes un peu crues de l’original de cette poésie ». La Fiancée de Corinthe inspira à Théophile Gautier sa pièce de vers intitulée : les Taches jaunes et sa nouvelle vampirique la Morte amoureuse. Ajoutons que Goethe, tout en condamnant plus tard les excès du « genre frénétique », conserva jusqu’à sa mort un intérêt bienveillant pour les vampires dont il fait deux fois mention dans la seconde partie de son Faust 1 . Un autre grand poète a associé son nom au même sujet. Après Goethe,Byron, dans son poème du Giaour, fait allusion à cette superstition (1813) : Vampire affreux, et contraint de poursuivre, Dans ta fureur, tous ceux qui te sont chers ; Tu suceras le sang de ta famille ; Bientôt ta sœur, ton épouse, ta fille, Expireront sous ta cruelle dent ; Tu maudiras le banquet dégoûtant Qui doit nourrir ton cadavre vivant 2 . Trois ans plus tard, une petite société romantique anglaise sè forma à Genève. Byron, Mrs. Shelley, le docteur William Polidori et M.-G. Lewis en faisaient partie. On s’amusa pendant un certain temps à lire les histoires de revenants allemands. A cette occasion, Mrs. Shelley écrivit son roman de Frankenstein ; Byron se rappela une nouvelle effrayante qu’il s’était proposé d écrire (depuis longtemps, le Vampire, et il la raconta à ses amis. Le docteur Polidori jeta l’histoire sur le papier et la publia, au mois d’avril 1819, sous le nom de Byron, dans le New Monthly Magazine*.

1 Faust, II (éd. de Weimar), vers 7981, 8820 et suiv. 2 Traduction J. M. H. Bigeon. 3 Hock, op. oit., pp. 72-73.