"La Guzla" de Prosper Mérimee : les origines du livre - ses sources sa fortune : étude d'histoire romantique : thèse pour le doctorat d'Université
LE MERVEILLEUX DANS « LA GUZLA ».
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ou quelque autre femme de la parenté lui met alors en main un crible, rempli de grains et de menus fruits, comme noix et amandes, qu’elle doit répandre derrière elle par poignées. Quand les époux sont déshabillés, le kuum se retire et écoute à la porte, s’il y en a une. Il annonce l’événement par un coup de pistolet, auquel les svati répondent par une décharge de leurs fusils.
des parentes (du côté dujnarf), un crible rempli de noix ; elle le jette par-dessus sa tête et baise ensuite le seuil de la porte. Le kuum est le parrain de l'un des époux. Il les accompagne à l’église et les suit jusque dans leur chambre à coucher où il délie la ceinture du marié, qui, ce jour-là, d’après une ancienne superstition, ne peut rien couper, lier ni délier. Le kuum a même le droit de faire déshabiller en sa présence les deux époux. Lorsqu’il juge que le mariage a été consommé, il tire en l’air un coup de pistolet, qui est aussitôt accompagné de cris de joie et de coups de feu par tous les svati 1 .
Jeannot 2 . —La deuxième ballade, Jeannot, tout entière, a trait au vampirisme; mais c'est pour s’en moquer. Mérimée se décide avec peine à en parler sérieusement. Il ménage son lecteur et veut à l’avance lui bien faire connaître quelle est sa propre pensée au sujet de cette superstition. Jeannot est un petit conte qui veut être drolatique et qui est à peine amusant ; Mérimée réùssit peu dans ce genre ; et puis on peut penser qu’il y a comme un manque de goût à introduire si brusquement un personnage aussi couard dans un recueil où tous les héros ont pour moindre défaut la poltronnerie. De plus, ce pauvre Jeannot a le tort de nous faire par trop songer au fameux « Jeannot lapin »
1 Voyage enDalmatie, 1.1, pp. 109-113. —La Guzla, pp. 165-166. 2 La Guzla, pp. 169-171.