"La Guzla" de Prosper Mérimee : les origines du livre - ses sources sa fortune : étude d'histoire romantique : thèse pour le doctorat d'Université

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CHAPITRE VI.

de La Fontaine. L’aventure de l’infortuné poltron, mordu par un chien qu’il croit être un vampire, est à peine plaisante; elle n’a pour nous d’autre intérêt que de nous faire remarquer encore une fois que Mérimée se défend d’avoir jamais cru, le moins du monde, aux histoires de vampires. Ceci bien établi, son imagination pourra se donner libre cours ; se complaire à des tableaux effrayants et raconter avec un semblant de sincérité des histoires à faire frémir. Le Vampire L Le Vampire, la troisième ballade du genre, se réduit à un tableau : c’est la description d’un vampire tel que Mérimée l’imagine d’après les renseignements que lui a donnés dom Calraet. Remarquons que ce portrait, type du vampire selon l’auteur de la Guzla, présente tous les traits principaux qu’on rencontre chez les autres vampires du recueil. Comme lui, Nicéphore de la Belle Sophie, le « Grec schismatique » de Constantin Yacoubovich, et très probablement aussi Cara-Ali de la ballade du même nom, sont de jeunes hommes ; comme lui, ils sont étrangers et doublement dignes de mépris, comme vampires et comme « chiens d’infidèles » ; ils sont généralement séduisants : le «Vénitien » s’est fait aimer de Marie, comme Cara-Ali s’est fait aimer de Juméli. Les yeux bleus, le teint pâle, cet air de jeunesse qui jamais ne les quitte, même quand ils ont les cheveux blancs, sont les signes distinctifs auxquels on peut reconnaître un vampire tandis qu’il est en vie ; mort, ses yeux se ternissent, mais n’en gardent pas moins une étrange puissance de fascination; son sang circule toujours chaud à travers les veines; les

1 La Guzla, pp. 187-191.