La Macédoine
après, celle-ci s’affranchit, sans la Bulgarie, de l’autorité byzantine, elle prit le nom de Bulgarie, voulant s'approprier les droits politiques de la Bulgarie déchue. Avant sa chute, la Bulgarie était un empire reconnu ; ses souverains, qui portaient le titre d'empereur, étaient investis des droits et des traditions d'un empire. Ces droits étaient vacants. Ayant besoin d'être immédiatenient reconnue et respectée, la Macédoine prit possession du nom et des droits bulgares, et s'en servit non seulement avant d'avoir soumis la Bulgarie, mais encore après l'avoir. perdué. : |
C’est ainsi qu'il put se faire que l'Etat macédonien ait conservé le nom de Bulgarie. Le nom de l'Etat prime toujours celui du peuple (1) ; dans ce cas, comme dans bien d'autres, il est passé de l'Etat au peuple. C'est la raison pour laquelle les auteurs étrangers ont pris, à partir de cette époque, l'habitude d'appliquer aussi le nom de Bulgares aux Yougoslaves de la Macédoine.
Les cas semblables où les Etats nouveaux se sont approprié le nom et les droits des Etats les plus anciens, ne sont pas rares dans l’histoire. Exactement à l’époque où l'Etat macédonien était en formation, les empereurs germaniques créaient leur Etat dans les provinces reculées de l'empire romain, en s’appropriant de même les attributions d’un ancien Etat. ils appelaient leur Etat l'empire romain, et se donnaient le titre d'empereurs romains. L'Etat byzantin n'était qu'une partie de l'ancien empire romain, et pourtant, jusqu à sa chute, il a porté le nom d’empire romain, et ses empereurs portaient celui d’empereurs romains ; les habitants grecs de cet empire s'appelaient les Romains (sous). De même que le nom romain des empires allemand et byzantin n'avait aucun rapport avec les anciens Romains, le nom de bulgare en Macédoine n'avait rien de commun avec les Bulgares. Ce n'étaient que des rémi-
(E) € Staerker als der Volksname, war und ist immer der Name des Staates » (C. Jirecek, Geschichte der Bulgaren, p. 138).