La patrie Serbe

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canons s’endormirent dans le sol qui recélait tant d'ossemeniset presque tous ceux qui les avaient pieusement ensevelis dorment aussi maintenant leur éternel sommeil dans la froide terre de l'exil. Prizrend fut la dernière ville où s'entassèrent les fugitifs. La cohue y était pire qu'elle ne l'avait jamais été ailleurs ; l'aggloméralion fuf portée à son comble, Des rues, des faubourgs, débordait une population grouillante, rejetée vers la campagne désolée. La famine commençait ses ravages. Sans cesse de nouveaux torrents humainss’'engouffraient dans Prizrend où règnait le plus complet désordre, dans Prizrend où, glacés par la pluie autom-

nale, gens et bêtes mouraient côte à côte /sousl’eau ruis-

selante des toits, dars la boue montant où sol.

La Macédoine à peine gardée avait été confiée aux soins attendus des alliés. Quelques troupes placées en sentinelles vers Chtip s'archarnèrent pour empêcher la Vieille Serbie d'être coupée de la Nouvelle Serbie, et sauver d'un enveloppement la droite de l’armée. La diversion olerte par les éléments groupés sur de fortes positions, déjouèrentla factique bulgare, mais ces diversions habiles ne purent conserver à la Serbie la ligne très importante conduisant à Salonique.

Une lamentable émigration, pareïlle à celle qui coulait de L'Est à l'Ouest, se Lourna vers le Sud et prit la route, courhée du coté de Vélès. De partout afiluaient de petites caravanes ; elles se joignaient, renforçant constamment les longues théories faites de chars traînés par des bœuÏis hirsules, par des cavaliers, par des mulets ; elle se fondaient les unes dans les autres et Composaiéntd interminables processions sepoussantsur la voie de l'Inconnu, noyées par la pluie perpétuelle ; les petites voitures étaient renversées le long des chemins troués d'ornières proiondes, et gisaient cassées, inutiles