La patrie Serbe

LA CRUELLE ALBANIE

Semblables à deux fleuves précipités vers la mer et joignant leurs cours avant d'atteindre lés grands espaces bleus largement ouverts, les Serbes dirigeaient leurs colonnes du côté de l’Adriatique. Une de ces coulées sombres glissait d'Ipek à Scutari, l'autre plus directe coupait la désolation de l'Albanie méchante. Le Roi Pierre, accomplit le miracledes miracles en guidant son armée sur la route de l'exil. Soixante-dix années avaient lassé le corps du souverain sans atteindre l'ardeur de son cœur. Résolu à partager les angoisses générales, il avait refusé la facile évasion par Salonique ou Cettigné. Il connaissait trop bien la valeur du secours moral apporté par sa présence, pour priver ses sujets malheureux et déprimés de ce viatique salutaire. Il souhaitait aussi leur donner de cette façon la preuve complète de son amour.

(Dans ces heures de désespoir iln' y a qu un réconfort, la présence du Roi Pierre, soleil qui donne de l'espérance et l'envie de vivre». (4)

La possibilité de mener jusqu'à son terme l’atroce voyage tient du prodige etreste un mystère si on réfléchit

À, Betziteh, Zlustration, 1° janvier 1916.