La patrie Serbe

LA PATRIE SERBE 0925

demi formulées, des larves d'idées s entrechoquaient.

Le crépuscule épaississait encore son ombre dénse. Le Roi Pierre, courhé par le chagrin, marchait toujours parmison peuple engourdi; l'allure du souverain était si lassée qu'on auräit pu croire que sur lui se concentrait la lassitude de tous ces errants, disséminés dans la montagne ef la nuit. Il alla aïnsi durant dix mortelles journées, chancelant souvent, tombant quelquefois. Près de lui, quatre ofhiciers résolus à mourir pour lui, offraient leur vigueur à sa faiblesse et, lorsqu'il était vraiment à bout de forces, le portaient presque, se relayant pour cette tâche affectueuse (1). Seulement, quand ils apercevaient l'épuisement de leur Roi, ils avaient peur d'une chose qu'ils n osaient s’avouer, qu'ils craignaient même de penser, Le Roï était si brisé qu'il ne semblait plus être une formetangible mais seulement, malgré sa confiance dans l'avenir, l'incarnation de la douleur et de la fatigue. La nuit amenait le roi à la porte d’un han fruste, Le souverain pénétrait en fâtonnant dans l'ombre de ce grossier abri.

On accumulait des branches mouillées au centre de cette salle dénudée qui n'avait même pas unecheminée. C'était (rès compliqué d'allumer le bois vert saturé d'hufnidité. Une famme jaillissante s'éteignait aussitôt, seule une fumée acre se dégageait de cet amas de broussailles, En quête d'une ouverture, la fumée épaississait l'atmosphère de la pièce avant de s'échapper entre les interstices du toit (2). Les tourbillons jaunes étaient à peine respfrables et le peu dé lumière éclairait des personnages falots aux allures spectrales’ Les elfortsrépétés produisaient enfin an résultat, des flammes dansaient

1. Narianoyilch, Lecture pour tous, LE février 1916,

2, Marianovitch,