La patrie Serbe

238 LA PATRIE SERBE par la misère, une suprême révolte était indiquée par leurs traits grimaçants.

Après une journée cruelle, la nuit n "offrait d'autre repos qu'une interminable halte près d'un mauvais feu, en attendant l'aube qui ramènerait une autre journée semblable. L’aubeétaitaffreusement triste ; tout d'abord une lueur incolore, diffuse, envahissait le ciel plein d'étoiles palpitantes, si blanches ef claires qu’elles simulaïient le cristal. Cette lueur éteignait doucement les étoiles, insensiblement elle augmentait et semblait produite par la réverbération de toute cette blancheur. Un monde lunaire prenait forme. Au milieude cettefantasmagorie les dernièresflammes de quelquestoyers presque éleints imitaient d'énormes roses largementépanouies. Une misère immense émanait de la naissance de l'aube froide et désolée, combien désolée, au milieu de Lamas de sommets blanesdiviséspar levidelaiteux. Autour des srandes roses, des halos noirs dessinés par les hommes. Les roses s'eflaçaient, les cercles sombres se désagrégeaient, des points noirs s éparpillaient avant de s unir comme chaque mafin dans une colonne illimitée.

Ün han trapu, ramassé sous un (oit peureux. Une fumée légère traversant la toiture du han et enroulant ses spirales avant de se dissoudre, De la maison basse sort un jeune homme enveloppé d'un long manteau militaire. Son visage fin est émacié, les traits tirés expriment une surhumaine angoisse, mais le regard reste hautain pour braver la douleur. Quelques soldats, une demi-douzaine peut-être, suivent le jeune officier quiles conduit sur le sentier difficile. Le groupe passe auprès d'un monceau dé cendres, deux soldats Lués par l'implacable nuit dorment là pour toujours et le jeune ollicier, les apercevant, ineline un instant sa taille élégante. Une infinie tristesse l’étreint, mais d’un geste