La première Commune révolutionnaire de Paris et les Assemblées nationales

ET LES ASSEMBLÉES NATIONALES. 123

obtenir cela de la Commune, une condition préalable était à remplir, et, une fois remplie, elle ne donnait encore qu’une chance, non une certitude. Il fallait obtenir que les députés dévoués à la Commune fissent une démonstration unanime, qu'ils s’accordassent tous pour ordonner à la Commune la répression, qu'ils parlassent tous en ce sens, et que le reste de l'Assemblée, particulièrement les Girondins, ne parlassent pas, mais votassent en silence.

Mais ces députés sympathiques à la Commune avaient une attitude peu encourageante, —- Il semblait qu’ils fussent déjà résolus à marcher de concert avec la Commune, en dépit de tout ce qu’elle pourrait faire. Bazire, dès le premier message de cette Commune, le 2 septembre au soir, en invitant l'Assemblée à adjoindre elle-même des commissaires aux commissaires de la Commune pour aller parlementer avec le massacre, au lieu de le réprimer, Bazire avait bien paru exprimer l'opinion générale de ses collègues communalistes ?, Peut-être même sa motion avait-elle été suggérée par la Commune.

Le Pouvoir exécutif. — Voyons un peu l'assistance que l'Assemblée a trouvée dans le Pouvoir exécutif.

Le Pouvoir exécutif se compose de six ministres : Roland, Danton, Servan, Lebrun, Clavières, Monge. Il existe au moins dans son sein une influence, une autorité morale capable d'agir sur la Commune, sur les sections et les clubs, dans la personne de Danton; elle n'existe, il est vrai, que dans cette personne, parmi les six ministres

Le soir du 3 septembre, nous l'avons vu, deux ministres se présentent à l’Assemblée, ce sont Roland et Servan : les

1. Iei je trouve nos historiens communalistes admirables d'avoir si bien interprété à rebours la démarche de Bazire. Louis Blanc fait grand honneur à Bazire, et, par suite, à la Montagne, d’avoir proposé cet envoi de commissaires harangueurs et par suite il veut nous suggérer l’idée que seule la Montagne s’est émue des massacres de septembre. Un pas de plus et l’Assemblée, la Gironde en tête, sera accusée d’avoir peu à peu applaudi aux massacres, tandis

que les Montagnards y auront répugné. (Ce pas, d’ailleurs, a été franchi; nous en reparlerons.)