La première Commune révolutionnaire de Paris et les Assemblées nationales

122 LA PREMIÈRE COMMUNE RÉVOLUTIONNAIRE DE PARIS

les royalistes et les royalistes constitutionnels d’une part, et les hommes dits patriotes d'autre part, Jacobins, sectionnaires, etc., les rejettent, les premiers comme exaltés, les seconds comme modérés. Rappelons maintenant que, selon les idées du temps, toute émeute, tout acte irrégulier, commis en troupe, était le fait du peuple; répétons que, depuis l'affaire du Champ de Mars du temps de Lafayette et de Bailly, employer la force contre un groupe populaire était chose mal reçue par l'opinion générale, chose suspecte de royalisme, de modérantisme, et que la loi martiale était en horreur'.

Et puis signalons dans l’Assemblée deux craintes des plus louables, en face de l’invasion : 1° la crainte d’accentuer aux yeux de l’Europe les divisions intestines de la capitale; 2° la crainte de commander en vain la Garde nationale, d’en être désobéie et de montrer l'impuissance de la seule institution française qui rencontrât encore en Europe de la sympathie et du respect.

Le mutisme continu de l’Assemblée, le silence surtout de sa tribune (aucun discours direct sur les massacres) sont trop complets pour ne pas être un parti pris; c’est évidemment un système adopté de se taire, ne pas récriminer, ne pas s'indigner contre ce qui a été fait, d'essayer seulement d'empêcher que cela s’étende ou se continue. — Quand on lit attentivement les lettres que Roland adresse à l’Assemblée, on aperçoit très bien qu'il y dessine ce système; et ces lettres sont fortement applaudies.

Mon avis finalement est que, sans la Commune, on ne pouvait rien : et que si l’Assemblée voulait tenter la seule voie pratique, il fallait amener la Commune elle-même à adopter l'emploi des moyens vigoureux et légaux. Mais pour

1. Reportez-vous au discours de Robespierre du 5 septembre, que j'ai donné plus haut, — Considérez ce qu'il advient aux particuliers qui osent prendre l'initiative d’actes concerlés contre les émeutes, comme l'ont fait les pétitionnaires dits les 20 000; l’amnistie accordée au contraire aux meurtriers du maire Simonneau; voyez la sortie de Danton à la Convention le 23 septembre contre

la loi martiale, et finalement l'abolition (en principe) de cette loi. (Séance du 21 octobre.)