La première Commune révolutionnaire de Paris et les Assemblées nationales

ET LES ASSEMBLÉES NATIONALES. 134

Je me demande : Que pouvait faire personnellement Roland, en plus de ceci? Avait-il des forces sous sa main? Non. — Il pouvait, lui, vieillard alors de soixante ans (né en 1732), aller se jeter au milieu des massacreurs: et sans doute il n’aurait rien arrêté; mais il se serait fait peut-être massacrer. Le beau et utile résultat! À moins, cependant, que la scène n’eût tourné au ridicule, les massacreurs se contentant de se renvoyer comme une balle le vieux bonhomme. C'est pourtant ce que des historiens, assis dans leur cabinet, en parfaite sécurité, semblent avoir rêvé comme conduite à tenir, et non seulement ils l'ont rêvée pour Roland, mais pour l'Assemblée, aussi impuissante que lui. Quelques-uns ont dit expressément que la Législative aurait dû s’aller offrir en masse aux couteaux des massacreurs : politique de romanciers qui voudraient que l’histoire se fût déroulée comme un mélodrame, ou une tragédie de Corneille. — « Que vouliezvous qu'ils fissent? » — « Qu'ils mourussent. »

D’autres historiens s’indignent et disent « qu’au moins l'Assemblée aurait dû manifester plus d’indignation », soit, mais aussi, elle aurait manifesté moins de dignité, car abonder en indignation et ne rien faire après, c'était comme si l'Assemblée eût allumé un phare, visible de toute l’Europe, pour mettre en lumière son impuissance. — Et, en attendant, nos historiens oublient que les représentants d’alors subissent les conséquences de la faute des Constituants; ils oublient la législation existante; et surtout, en faisant une charge à côté, ils se dispensent d’incriminer, comme ils le devraient, les vrais coupables, Comité de surveillance, Commune, Santerre, etc. : tous ceux-là sont innocentés au moyen d’une habile prétérition.

Iis ont fait mieux : graduellement ils ont établi que les Girondins (lisez l’Assemblée nationale, s’il vous plaît) étaient aussi responsables des massacres que ceux qui les avaient laits; puis, qu'il y aurait peut-être quelque raison à les considérer comme plus responsables; puis, enfin, qu’il n’était pas