La première Commune révolutionnaire de Paris et les Assemblées nationales

ET LES ASSEMBLÉES NATIONALES. 139

partaient dé Charleville, pour le camp de Châlons. Le peuple, sous prétexte que ces armes étaient destinées pour les ennemis, les a arrêtées et a massacré l’officier Juchereau qui en avait la conduite. Les magasins de cette ville qui contiennent des armes sont menacés d’être incendiés. Je prie l’Assemblée de prendre les mesures nécessaires pour arrêter ces excès infiniment dangeréux aux moments actuels. »

L'Assemblée renvoie à la Commission extraordinaire puis elle semble oublier l'affaire. Le meurtre de Juchereau revient devant l’Assemblée seulement le 14 octobre, grâce à l'initiative d'un citoyen qui se présente à la barre en demandant une pension pour la veuve. Renvoyé au comité de secours. — Le 19 octobre, Beauvais, député de Paris, au nom du comité de secours, fait un rapport favorable. Deux députés demandent que le ministre de l'Intérieur rende compte des poursuites faites contre les chefs de l'insurrection de Charleville. — Des poursuites furent effectivement commencées ; la justice ne parvint pas à saisir avec certitude les chefs de l’émeute.

22 septembre. — Lettre écrite de Châlons par l’un des commissaires du Pouvoir exécutif. « Le peuple, je ne sais pourquoi, a arrêté aujourd’hui un sieur Limonnier, lieutenantcolonel du ci-devant régiment du Dauphiné, aujourd’hui 38°. On a trouvé sur lui des papiers qui annonçaient son intelligence avec les émigrés et une lettre où il disait qu'il ne sortait jamais sans avoir sous son habit une cocarde blanche. Le peuple en a fait justice sur-le-champ. Son corps a été jeté dans un bras de la Marne, et sa tête dans un autre. Le colonel de ce régiment, député à la Convention, assure l’Assemblée de l'incivisme de cet officier. »

1. Le 9 septembre, la Commission extraordinaire fait son rapport. L’Assemblée nomme des commissaires chargés d’aller dans le nord, visiter les manufactures d'armes, et charge le Pouvoir exécutif de poursuivre les meurtriers. +