La première Commune révolutionnaire de Paris et les Assemblées nationales

440 LA PREMIÈRE COMMUNE RÉVOLUTIONNAIRE DE PARIS

Lettre des commissaires de l’Assemblée nationale Albitte et Lecointre. — Ils racontent tranquillement le meurtre accompli (à Caen) de M. Bayeux, ex-procureur syndic du département; « mis en jugement, disent-ils, Bayeux a été absous. On a voulu le rendre à la liberté. Le peuple, croyant voir dans ce fonctionnaire un coupable et un traitre, a forcé les prisons et immolé Bayeux. Aujourd'hui la tranquillité est parfaitement rétablie. Les corps administratifs étaient Feuillantistes COrrompUus. »

Le meurtre de Bayeux, qui paye pour ces corrompus, ce semble, va sans doute les ramener à la vertu.

Je prie le lecteur de vouloir bien se reporter à notre chapitre sur l'affaire des prévenus d'Orléans. J'y reprends les choses au point où je les ai laissées.

Le 5 septembre, l’Assemblée fut avertie qu'on lui avait désobéi. Elle envoya au-devant de Fournier deux commissaires porteurs d’une proclamation que Vergniaud avait rédigée. Cette proclamation fut lue par les commissaires de l’Assemblée devant le front des bataillons, à Étampes, où la bande rencontra ces commissaires. La voici :

« Citoyens, un décret de l’Assemblée nationale a ordonné le transport des prévenus du crime de haute trahison à Saumur. Vous avez été requis au nom de la loi de concourir à l'exécution de ce décret; et vous avez méconnu l'empire de la loi, vous avez résisté à l'autorité des représentants de la nation! »

Voilà un reproche qui va leur être bien sensible!

« Citoyens, dans quel égarement vous ont jeté des suggestions perfides! — (De qui, ces suggestions?) — L'homme qui résiste aux ordres que le peuple lui donne par l’organe des autorités constituées se trompe s’il se croit patriote; il n’est qu'un rebelle! Pensez-vous que, s’il échappait à la peine qu’il aurait encourue, il échapperait au mépris public? Pensezvous que les soldats qui combattent pour la liberté voudraient