La première Commune révolutionnaire de Paris et les Assemblées nationales

ET LES ASSEMBLÉES NATIONALES. 143

Duport; après cela, a-t-il harangué les massacres, retour de Versailles, les a-t-il félicités, comme l'en accusent certains historiens? Je me maintiens dans le doute, ayant résolu de n’entendre que les dépositions des accusés sur euxmêmes. — Mais j'ai bien peur que l’accusation ne soit

fondée.

Le 22 septembre, des lettres apprennent à la Convention le meurtre de Gérard, commis le 14 septembre à Lorient. Il y a dans ces lettres des différences de ton et de style caractéristiques. — Monge, ministre de la Marine, écrit d’un style prudent. « Gérard, négociant, avait placé sur des vaisseaux particuliers, en armement pour l’ile de France, des caisses de fusils, sous le titre de quincaillerie. La municipalité fit saisir les caisses. Le peuple en fut instruit. Gérard crut prudent d'aller à la campagne. Son absence échauffa les esprits. On l’alla chercher. On le ramena à Lorient, en prison. La prison fut forcée par le peuple. Gérard a perdu la vie, au pied de l'arbre de la liberté. » — De leur côté, les administrateurs du département écrivent : « Un événement affreux vient de porter la première tache sur notre département. L'Assemblée sentira combien ces horreurs, en se propageant, doivent répandre le deuil sur l'Empire; et son premier soin sera sans doute d'y porter un remède efficace... Au nom de La Patrie nous conjurons l’Assemblée de prévenir le péril qui de toute part menace les personnes et les propriétés. »

Les administrateurs du district d'Hennebont (auquel Lorient appartient) écrivent : « Nous nous flattions que depuis le commencement de la révolution nous n'avions connu dans nos murs que le respect à la loi... M. Gérard, négociant de cette ville, a été immolé malgré notre ardeur à réprimer le désordre. Le rassemblement était si considérable qu’il n’a pu être dissipé par la majeure partie de la Garde nationale et des troupes de ligne qui gardaient la prison... Il n’est pas de moyens que nous n’ayons employés pour sauver cet infortuné,