La première Commune révolutionnaire de Paris et les Assemblées nationales

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rapports importants de l’Assemblée et de la Commune à ce sujet, Louis Blanc a douze lignes, dans lesquelles il y a déjà

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des mots à effet, et qui, d’ailleurs, se rapportent exclusivement à l'incident dramatique du massacre à Versailles. Voilà l'historien.

Cette tuerie de Versailles, si obstinément voulue par les meneurs de la Commune, se distingue des massacres de Paris et des lynchages provinciaux; elle manque des prétextes ou des circonstances qui peuvent être et qui ont été invoqués pour l’excuse des autres. À Paris, il a été dit, répété et il a été cru réellement par beaucoup d’esprits faibles que les aristocrates détenus dans les prisons parisiennes pouvaient être à quelque moment un danger pour les démocrates de la capitale. Ici ce prétexte fait défaut; cinquante individus qu'on aurait enfermés à Saumur n'auraient été à craindre pour personne. Les lynchages provinciaux furent tous Ia punition apparente de conspirateurs ou de traîtres saisis en quelque flagrant délit prétendu, par le peuple indigné. Ici ce n’est plus cela; les gens qu’on massacre, détenus déjà depuis quelque temps, sont accusés de méfaits plus ou moins éloignés dans le passé. Pourquoi, dans quel sentiment leurs assassins les tuent-ils? Impossible de croire à un mouvement spontané d’indignation chez eux; encore moins chez ces meneurs de Paris dont les assassins exécutent les ordres. Alors quoi? Je ne vois, pour ma part, qu’une explication : on exécute froidement un plan de conduite fait pour terroriser : le massacre de Versailles a ce caractère particulier d’être plus cruel et plus effrayant que les autres. Et il'est celui qui nous sugoère le plus fortement le soupçon que les massacres de Paris furent prémédités. À ce titre, ilsappartiennent, ils doivent être attribués certainement à Marat, au comité de surveillance de la Commune; quant à Danton, de graves soupçons pèsent sur lui. Danton a contre lui, en cette affaire, ses rapports connus avec Fournier, sa circulaire, sa complète inaction, alors qu’il avait bien su user de ses pouvoirs de ministre pour