La première Commune révolutionnaire de Paris et les Assemblées nationales

ET LES ASSEMBLÉES NATIONALES. 147

exemple, que la Convention fasse quoi que ce soit pour honorer de ses regrets la mémoire de Gérard. — Ce décret ne passa qu'après plusieurs épreuves douteuses. Il avait été combattu par Mollevault et par Delacroix. Celui-ci avait fait observer que le décret contenait une contradiction, — ce qui était évident. Sur 534 votants, 409 députés, grâce à l'appel nominal, furent pour le projet. La députation de Paris tout entière l'approuva naturellement ; elle comptait bien s’aider de ce précédent pour faire amnistier tôt ou tard les massacres de Paris.

Là-dessus quelques observations rétrespectives. Le lecteur a dû remarquer commentles municipaux de Lorients’excusent de n’avoir pas défendu Gérard par le seul moyen efficace, à savoir la proclamation de la loi martiale et l'emploi consécutif de la force. « Dans des circonstances pareilles, ont-ils dit, on ne peut employer que les moyens de douceur. » — A cette époque c’est là un sentiment très répandu, répétons-le. Et à la Convention, c'est un sentiment exprimé par presque tous les Montagnards avec une impérieuse violence (voir par exemple le discours de Robespierre, au 5 novembre). Au reste, les Montagnards ne furent satisfaits que lorsqu'ils eurent obtenu l'abolition de la loi de la Constituante sur cet objet. On peut contester la sagesse d’une résolution qui ne va à rien moins qu’à déclarer que l’on ne fera jamais obstacle par la force aux méfaits d’une multitude, quelque graves qu'ils soient. Admettons un instant des excuses pour cet étrange parti pris; au moins y faut-il voir un motif extrêmement fort pour qu'alors le gouvernement ordonne des poursuites inflexibles et que les tribunaux appliquent des condamnations très sévères. Des peines sévères et constamment appliquées peuvent à la longue retenir les esprits portés au meurtre; mais siles méfaits, qu’on n’a pas voulu empêcher par la force sur le moment, restent encore impunis après coup, qu'est-ce, je vous le demande, que ce régime? — Y a-t-il encore un gouvernement? un vrai? — Celui-ci a perdu sa principale raison