La première Commune révolutionnaire de Paris et les Assemblées nationales

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plus aisé de Lorient (?) et les riches ne pardonnent jamais au peuple. » — Voilà une assertion qui vient bien à propos. Il y a un argument des adversaires qui touche sensiblement Lequinio. « Le elub des Jacobins » a pris parti pour Gérard. Lequinio répond. « Les principaux commerçants, qui auparavant et depuis longtemps s’absentaient de la société des Jacobins, s’y sont portés avec ardeur et ils ont changé la majorité. » — Évidemment, dans la pensée de Lequinio, ces commerçants étant riches et s'étant pendant un temps absentés de la société, n'avaient plus le droit d’y revenir; « ce n'est pas jouer franc jeu ». Que la majorité soit maintenant de leur côté, peu importe; cela ne compte pas; il y a maldonne. — La Convention renvoie l'affaire aux comités de législation et de sûreté générale réunis.

L'affaire Gérard ne fut rapportée à la Convention que le 2 novembre par Garran-de-Coulon, qui était plutôt un Montagnard. Garran, au nom du Comité de sûreté générale, reconnaît l'innocence de Gérard. « Il fut immolé à la fureur d’une multitude égarée. (A la bonne heure!) Comme ce mouvement a eu lieu dans un moment de Révolution, il a été proposé de décréter une amnistie en faveur des citoyens de cette ville et de l’étendre à tous les mouvements populaires excités

depuis le 10 août. » — Cette seconde proposition avait été faite déjà avant; elle était conforme au sentiment de la majorité des Montagnards. — « Le comité estime que l’amnistie

restreinte aux assassins de l’innocent Gérard est d’une rigoureuse justice. Il repousse l’amnistie générale; ce serait sanctionner des crimes commis et à commettre. On ne peut pas soustraire à la vengeance des lois les massacres commis à Orchies, à Saint-Amand et dans les journées à jamais horribles des 2 et 3 septembre. Au reste le comité a cru que vous deviez honorer de vos regrets la mémoire du citoyen Gérard. » __ La Convention décrète l'extinction de la procédure commencée etordonne en conséquence que les prévenus de l’assas-

sinat de Gérard soient mis en liberté. On ne voit pas, par