La première Commune révolutionnaire de Paris et les Assemblées nationales

160 LA PREMIÈRE COMMUNE RÉVOLUTIONNAIRE DE PARIS

citoyens de Paris. C’est que les proscriptions passées, le bruit des proscriptions futures, les troubles intérieurs, ont répandu la consternation et l’effroi. Et tout à coup Vergniaud adjure les citoyens de Paris de se méfier de certains hommes qui répandent sans cesse les soupcons, les calomnies et les haines.

« Citoyens, lorsqu'un ennemi s’avance et qu’un homme. au lieu de vous inviter à prendre l'épée pour le repousser, vous engage froidement à égorger des femmes ou des hommes désarmés, celui-là est ennemi de votre gloire, de votre bonheur; il vous trompe pour vous perdre. Lorsqu'au contraire un homme ne vous parle des Prussiens que pour vous indiquer le cœur où vous devez frapper, celui-là est ami de votre gloire, ami de votre bonheur; il veut vous sauver. » — Pas de doute, Vergniaud vise celui qui prétend être entre tous l’ami du peuple. —.« Citoyens, abjurez donc vos dissensions intestines ! Allez tous ensemble au camp; c'est là qu'est votre salut. » Suit une exhortation qu’on a longtemps citée comme un modèle d’éloquence. (Au camp donc, citoyens, au camp...!) Je ne la donnerai pas, elle est assez connue. Mais il faut. donner le placard du 15 septembre, où Marat dénonce déjà au peuple la future Convention. « Ces hommes, flétris par leur incivisme, ces hommes reconnus pour traîtres à leur patrie (par qui, reconnus? par lui, Marat), ces hommes pervers, l’écume de la Constituante et de l’Assemblée législative... Français, qu’attendez-vous d'hommes de cette trempe? Ils achèveront de tout perdre... si vous ne les livrez au glaive de la justice populaire dès l’instant qu'ils viendront à manquer à leur devoir... Nous sommes trahis de toutes parts... par les ministres, les corps administratifs, et la majorité pourrie de l’Assemblée nationale, centre de toutes les trahisons. Il importe que la Convention soit sans cesse sous les yeux du peuple, afin qu'il puisse la lapider, si elle oublie ses devoirs. » — (L'Ami du peuple du 15 septembre, cité dans l'Histoire parlementaire, &. XNIIE, p. 40 à 42.) L'Assemblée ne prend aucune mesure contre Marat qui veut faire lapider