La première Commune révolutionnaire de Paris et les Assemblées nationales

ET LES ASSEMBLÉES NATIONALES. 159

16 septembre 1792. — Roland paraît à l'Assemblée.

« On a répandu dans Paris, dit-il, que depuis le 4 ou le 5 du mois, quatre ou cinq cents arrestations ont été faites et que les prisons sont garnies au moins autant qu'avant la journée de septembre. J’ai voulu vérifier ces faits; mais dans aucune prison je n'ai trouvé ni registres, ni écrous. J'ai demandé quelles personnes avaient fait consigner ces prisonniers. Les concierges ont été très embarrassés de me le dire. J'ai exigé que les ordres me fussent apportés; il résulte en effet de ces ordres que, depuis cette époque, quatre ou cinq cents personnes ont été emprisonnées par ordre, soit de la Municipalité, soit des sections, soit du peuple (?), soit même d'individus. Quelques-uns de ces ordres sont motivés; la plupart ne le sont pas... J’ai cru devoir apporter à l'Assemblée les ordres mêmes signés par les particuliers qui les ont donnés, et je les remets sur le bureau. »

L'un des commissaires chargés de l'examen des papiers saisis aux Tuileries, Gohier, vient déclarer qu’on n'a trouvé dans ces papiers « rien qui puisse porter le moindre soupçon sur l’un des membres de l’Assemblée... hors un M. Blancgily, et il est en état d'arrestation ! ».

Un député, Coustard, croit devoir fournir à l’Assemblée des renseignements rassurants sur l’état de nos armées.

Vergniaud prend la parole. Son discours répond directement à Coustard; mais Vergniaud profite de l’occasion pour répondre indirectement au placard qu'avait la veille publié Marat. Vergniaud dit d'abord ses inquiétudes. Le camp sous Paris n'avance pas. Il y a beaucoup d'ouvriers, mais peu travaillent; un grand nombre se reposent... Ce qui l’afflige surtout c'est de voir que les bêches ne sont maniées que par des mains salariées. Une espèce de torpeur a envahi les

1. Dans quelques mois, au sujet de Marat, la Montagne (surlout Danton) S’écriera : « Ne touchons pas à l’inviolabilité parlementaire, ne donnons pas un exemple dangereux ». On voil que cet exemple avait déjà été donné, sous la Législative, avec l’assentiment unanime des députés et Danton élant ministre de la Justice.