La première Commune révolutionnaire de Paris et les Assemblées nationales

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correspondants aucune nouvelle de cette pièce, et de l'effet qu'elle a produit dans sa localité. Mais voici de quoi nous étonner à notre tour : après les quelques paroles de Lecointe, l’Assemblée renvoie l'examen de cette affaire à la Commission extraordinaire, sans témoigner la moindre émotion. Il se peut que, ce jour-là, l’Assemblée n’ait pas connu la circulaire même, qu'elle ait connu seulement le résumé qu’en donnait la municipalité d'Amiens. Il se peut qu’elle ait gardé un silence ému et indigné, en se disant qu’elle céderait, sous quelques jours, la place à la Convention, et qu'il appartenait à celle-ci, toute jeune, toute vivante, de régler ce compte avec la Commune. Nous verrons, en effet, que, le jour du 25 septembre, quand Vergniaud lira la circulaire à la Convention, l'effet sera autre : nous donnerons la pièce ce jour-là.

Roland entre dans l’Assemblée et demande la parole. Il raconte le vol du garde-meuble. Ce vol tient à une grande machination. D'ailleurs il ne faut pas s’abuser sur l’état de la capitale; elle est remplie d’agitateurs bien perfides; elle veut l’ordre et l'exécution des lois, mais on cherche à l'égarer. On avait répandu avec affectation la nouvelle d’une victoire pour annoncer ensuite une défaite. « La vérité est que nous n'avons eu ni grands avantages, ni grand revers. — Hier on faisait à la tribune de l’Assemblée électorale des dénonciations violentes contre le Pouvoir exécutif, Un orateur y a proposé la loi agraire. Dans quelques affiches, on conseille au peuple de se lever encore, s’il n'a point perdu ses poignards. Je connais les auteurs de ces affiches et ceux qui les payent. On a donné l’ordre de les placarder sur les miennes. Les quatre cents membres de l’Assemblée qui ont voté pour Lafayette sont dénoncés au peuple comme des traitres. On lui conseille de les assassiner. Le peuple ne le fera pas, mais des scélérats tenteront peut-être de le faire en son nom. » L'exemple des massacres justifie assez ces craintes. — « Il faut, messieurs, que vous appeliez une garde nombreuse