La première Commune révolutionnaire de Paris et les Assemblées nationales

ET LES ASSEMBLÉES NATIONALES. 203

de leurs projets sanguinaires sans le respect du peuple pour la loi. » (Vifs applaudissements.)

Jean de Bry demande que ces dénonciations soient renvoyées à un comité pour les examiner, et que l'on passe à l’ordre du jour.

Boileau détourne la discussion sur Marat : « Voilà ce qu'écrit Marat dans un journal qui paraît aujourd’hui même. « Une seule réflexion m’accable, c’est que tous mes efforts, pour sauver le peuple, n’aboutiront à rien sans une nouvelle insurrection. À voir la trempe de la plupart des députés à la Convention, je désespère du salut public. Si, dans les huit premières séances, toutes les bases de la constitution ne sont pas posées, n’attendez plus rien de vos représentants: vous êtes anéantis pour toujours, cinquante ans d'anarchie vous attendent et vous n’en sortirez que par un dictateur, vrai patriote et vrai homme d'État. O peuple babillard, si {u savais 7 » — Tout le monde sait qu'il n’y a en ce moment qu'un homme d’État, qui est Marat. Tout le monde sait aussi après la circulaire, dont Marat est l’un des signataires et le principal auteur, quel est le genre d’action que Marat préconise. Indignation générale : cris « A l’Abbaye! »

Marat s’élance à la tribune. Il parle d'abord des décrets lancés contre lui précédemment, et s'en énorgueillit, puis continue. « On vient de m'accuser en commentant perfidement mon dernier article. » — On ne l'a pas commenté, on l’a lu tout simplement. — « L’écrit qu’on a cité, je l’avoue, parce que jamais le mensonge n’approcha de mes lèvres... mais j'atteste que cet écrit est fait depuis plus de dix jours, c’està-dire au commencement des nominations : alors mon cœur élait indigné de voir nommer à la Convention des hommes que J'avais dénoncés, de voir triompher la faction de la Gironde, » — Évidemment la France a eu le tort impardonnable de n’en pas croire Marat. 11 faut mettre ordre à cet aveuglement. Il faut que le peuple cesse de babiller et agisse comme l'entend Marat. — « Cet écrit, continue Marat, porte une date qui ne