La première Commune révolutionnaire de Paris et les Assemblées nationales

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excès-là que Vergniaud pensait certainement. — « Le bon citoyen jette un voile sur ces désordres partiels ». — Et, en effet, ces meurtres ne sont que des désordres partiels dans la triomphante journée du 10 août; tandis que les massacres sont le tout des journées de septembre. — « Il ne parle que des actes de courage du peuple, de l’ardeur des citoyens, de la gloire dont se couvre un peuple, qui sait briser ses chaines. » Qu'on me dise si c’est un combat victorieux ou si c’est un massacre que ces expressions peignent le plus naturellement! « Il cherche à faire disparaître les taches qui pourraient ternir l’histoire d’une si mémorable révolution. » Voyons, je le demande, Vergniaud, ayant dans ses souvenirs le 10 août et le 2 septembre, at-il pu se détourner du 10 août et réserver à septembre la qualification de mémorable révolution? La suite confirme notre interprétation. Le dessein de l’artiste qu'est Vergniaud, et le procédé oratoire qui doit seconder ce dessein, sont manifestes dans cette suite. Vergniaud a voulu tracer deux tableaux, les opposer l’un à l’autre, opposer le premier au second et noircir le second par le voisinage du premier. Le tableau premier, c’est un combat héroïque du peuple pour sa liberté, combat couronné par la victoire : le second représente la chose la plus horrible : un massacre commis administrativement.

L'Assemblée n’a adopté aucune mesure; elle est passée à l'ordre du jour; mais les orateurs ont parlé; l'accablante circulaire a été lue, une terrible lueur s’est répandue sur toute la Commune; c’est assez; celle-ci est saisie de peur. Le 25, dans la séance du soir, une députation du Conseil général se présente à la barre de la Convention. Son orateur lit l’adresse suivante : « Nous venons en hommes libres dire la vérité à des hommes libres : nous ne venons pas nous justifier, car la calomnie ne peut atteindre la masse du Conseil général, parce qu’elle fut et sera toujours pure. Nous avons envoyé, il est vrai, des commissaires dans les départements, mais quelle mission leur avons-nous donnée? Celle de