La première Commune révolutionnaire de Paris et les Assemblées nationales

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ces hommes-là (Roland et Servan), moi et la plupart d’entre nous, nous ne nommerons les ministres que sur des ouïdire. » — L'Assemblée applaudit à ces quelques phrases de bon sens. Philippeaux insiste pour l'invitation à Danton. Donton déclare encore une fois qu’il refuse, mais il refuse aussi son assentiment à l’invitation qu'on veut faire à Roland. Tallien, Barère prononcent quelques mots dans le même

sens. — Une voix : « C’est la députalion de Paris qui veut nous donner des ministres. » — Cet anonyme pourrait bien avoir raison. — La discussion continue. Couthon est

naturellement contre l'invitation. Barère, qui revient à la charge, prononce cette fois un véritable discours. Cambon, Lacroix arrivent à la rescousse. Leur capital argument à tous c’est que inviter les ministres à demeurer « serait contraire à la majesté du peuple que la Convention représente ». Très bien! mais que ces ministres démissionnent, et que la Convention les renomme, ce sera encore contraire à la majesté du peuple, car les deux cas ne diffèrent pas. — Second argument : « Craignons d'être asservis par des ministres à qui nous aurions trop longtemps continué notre confiance ». Voici des gens qui ont donc plus peur d’un ministre, qu'ils auront maintenu à son poste, expérience faite, que d’un ministre qu'ils auront pris tout neuf sur des présomptions ou des oui-dire.

Danton monte à la tribune. Il a laissé parler les autres; maintenant il croit que Roland est assez ébranlé pour qu'une dernière secousse le jette par terre. « Personne, commencet-il, plus que moi, ne rend justice à Roland. » — La Convention semble pressentir quelle sera la justice de Danton; car elle murmure. — « Mais, puisque je suis représentant de la nation, je dirai la vérité tout entière; si vous faites cette invitation, faites-la donc aussi à Mme Roland, car tout le monde sait que Roland n’était pas seul dans son ministère; (Murmures prolongés.) moi, j'étais seul dans le mien, et la nation a besoin de ministres qui puissent agir sans être