La première Commune révolutionnaire de Paris et les Assemblées nationales

ET LES ASSEMBLÉES NATIONALES. 215

Puyraveau, Manuel, Lanjuinais échangent quelques arguments pour et contre, Aucun des coryphées de la Montagne ou de la Gironde ne s’y mêle. Lanjuinais ne prononce que trois ou quatre phrases. — L'Assemblée avait son siège fait: elle acceptait pleinement la tradition des deux Assemblées précédentes. Son vote, précipité, fut donc négatif.

Un membre propose que la Convention invite Roland et Servan à rester au ministère. — Lecointe-Puyraveau s'y oppose par ce motif que Roland vient d’être élu député. Doulcet de Pontécoulant s'y oppose, par d’autres motifs. Il est plein d'estime pour Roland; mais il pense que cette invitation serait indigne de la Convention et contraire aux vrais principes. ;

Philippeaux (Montagnard) opine au contraire pour qu’on invite à rester ministres Servan, Roland et Danton.

Ducos (plutôt Girondin) s'oppose à l'invitation. Camille Desmoulins allègue contre l'invitation un mot de Mirabeau : « On veut nous faire croire que l’art de gouverner les hommes est une espèce de magie, de science transcendante. — Non, ajoute Desmoulins, ce n’est pas une si grande science et l'on pourrait tirer les ministres au sort. » (WMurmures prolongés.) Pauvre cervelle que celle de Desmoulins, s'il pense ce qu'il dit! Mais il n’est pas sûr qu'il le pense.

Buzot est pour l’invitation. Il l’étendrait au ministre de la Justice, si celui-ci n’avait pas déclaré trois fois qu’il persévère à donner sa démission. Buzot me paraïtrait faible et indulgent à l'excès pour Danton, qui a trompé lui et ses amis, si je ne voyais que Buzot a voulu faire à Danton une politesse sans conséquence. — La suite de son discours montre d’ailleurs que son invitation n’est sincère et sérieuse qu'à l’égard de Roland. « C’est une étrange politique, dit-il, que de ne pas vouloir rendre justice... aux hommes vertueux qui ont obtenu la confiance... Quant à moi, je l’avoue, j'aime bien mieux m'en rapporter à l'expérience... Nous ne sommes ici que depuis huit jours, si nous ne nommons pas