La première Commune révolutionnaire de Paris et les Assemblées nationales

218 LA PREMIÈRE COMMUNE RÉVOLUTIONNAIRE DE PARIS

Lasource (Girondin) combat la proposition d'inviter : mais il reprend Danton. — « Il importe peu à la patrie que Roland ait une femme intelligente qui lui donne des conseils. Si c’est d’elle ou de lui-même que ce ministre atiré ses lumières, qu'importe à la patrie, pourvu que ce ministre ait bien gouverné la République. Ce petit moyen n'était pas digne des talents de Danton. Dire que c’est Mme Roland qui gouverne, c'est inculper gratuitement un ministre qui a bien mérité de la patrie... Quant au défaut d'énergie reproché à Roland, j'observe que, dans les jours où sa vie était menacée, il a répondu avec courage aux calomnies affichées contre lui, aux placards scélérats. Malgré les menaces, il n'a cessé de vous instruire des efforts qu'il faisait pour assurer l'exécution des lois ; il n’a cessé de démasquer les scélérats et les agitateurs. Toujours le premier à vous dénoncer les ennemis des lois et de la patrie, vous savez s’il a semblé s’apercevoir des assassinats médités contre lui. » — Voilà une défense qui me parait à peu près exempte d’exagération. On pouvait cependant, je crois, ajouter quelque chose à ce discours. On pouvait répondre à Danton : Roland est-il parti? Non. Vous parlez cependant de son énergie comme s’il en avait manqué effectivement; tandis qu’en fait il est resté à Paris. Admettons que Roland ait eu un moment l'intention de fuir, — ce qui n'est pas encore prouvé, — il s’est repris, il s’est retrouvé. Remarquez qu’il courait un danger proche que vous ne couriez pas; vous n’aviez rien à craindre, vous, des sicaires de la Commune, et pour cause. — Et il courait, comme vous, le danger moins immédiat de l’ennemi extérieur; et encore une fois, il est resté. Évidemment Danton vous venez d'agir et de parler sous l'empire d’un mauvais sentiment. Les éloges donnés, l’empressement témoigné à Roland ont exaspéré votre jalousie au point de vous mettre hors de vous. Vous avez commis une mauvaise action, incontestablement, quand, pour rendre Roland ridicule, vous avez nommé sa femme, une femme que, avec un peu de bonne éducation ou un peu de