La première Commune révolutionnaire de Paris et les Assemblées nationales

228 LA PREMIÈRE COMMUNE RÉVOLUTIONNAIRE DE PARIS

que sa conduite ne soit pas révélée. — « Mais le jour de la perfidie est passé; -et le jour de la justice est arrivé. La Convention va voir avec quelle lâcheté, quelle trahison on trafiquait des intérêts du peuple : voici des témoins dont on ne récusera pas l'authenticité. » — Et l’orateur présente des pièces qui, selon lui, doivent apprendre à la Convention comment la Cour achetait aux membres de la Législative des décrets favorables. Il y a là d’abord une lettre que Laporte, intendant de la liste civile, écrit à Septeuil, trésorier de cette liste. Laporte apprend à Septeuil que, moyennant 1 500 000 livres, on obtiendra du comité de la Législative le décret que souhaite la liste civile. « Nous vous donnerons bientôt, dit l’orateur, la liste de distribution de cette somme et de bien d'autres. »

Grande émotion dans l’Assemblée qui renferme pas mal d’ex-membres de la Législative.

Delahaye : «Il faut que la liste soit à l'instant connue ». (Assentiment général.)

L’orateur : « Nous prévenons la Convention que nous ne sommes pas en état de donner à l'instant la liste qu’on nous demande ». (Surprise, mécontentement, rires ironiques.)

Kersaint, Richard proposent que l’Assemblée nomme des commissaires qui se transporteront immédiatement à la Commune pour demander une plus ample explication. Mais Lindet (Montagnard) est là; il a été membre du comité de liquidation visé par la lettre de Laporte, et il va donner l'explication demandée. « Voici de quoi il s'agissait : Les pensions militaires de la maison du Roi devaient-elles être à la charge de la liste civile du Roi ou à la charge du budget national? La Cour voulait se décharger de ces pensions au détriment de la nation. Après de longues délibérations, la minorité du comité favorable à la Cour emporta, un soir qu'elle était seule, un décret qui donnait gain de cause à la Cour; mais le rapporteur du projet n’osa jamais présenter ce décret à la Législative; les délibérations du comité de liquidation prouvent