La première Commune révolutionnaire de Paris et les Assemblées nationales

ET LES ASSEMBLÉES NATIONALES. 254

les principes de la Justice éternelle et que, sous le nom de dictateur ou par l'intrigue des factions, on place les lois de l'esclavage à côté de la liberté... Le courage est la vertu d'un peuple libre... S'il est juste d’obéir aux lois, il est juste de renverser les tyrans, de quelque masque qu'ils puissent se couvrir. » — Le président (Delacroix) : « Citoyens, le droit de pétition est sacré; mais ceux qui se présentent pour en faire ne doivent pas oublier le respect qu'ils doivent aux représentants, non du peuple de Paris seulement, mais de la France entière... La Convention nationale ne reconnait pour souverain que le peuple entier, formé de la réunion de tous les citoyens de la République. Ce n’est point par des menaces qu'on parviendra jamais à nous faire violer ou remplir nos devoirs Les députés à la Convention ne redoutent rien des citoyens de Paris. Ce que vous avez dit pour les rassurer était parfaitement inutile. La Convention entendra toujours avec plaisir le langage de la franchise, de la liberté, mais elle ne souffrira jamais qu’on parle dans son sein celui de la licence. » — L'Assemblée ordonne l’impression de l'adresse avec la réponse du président et l'envoi aux départements lesquels pourront ainsi juger de quel ton certains Parisiens parlent aux représentants de la France *.

1. L'orateur des Gravilliers sait très bien qu’il existe une loi qui défend le vote public. La Convention réclame des sections l'observation de cette loi; c’est là ce que l’orateur des Gravilliers appelle le despotisme sénatorial. « Audessus de cette loi, il y a, dit cet orateur, la souveraineté du peuple. » — De quel peuple? Du peuple de votre section; vous affirmez donc implicitement que chaque section du peuple est souveraine chez elle et qu’elle a droit d'organiser sa souveraineté, comme bon lui semble. Voilà qui va bien! Paris a 48 sections; done 48 souverainetés, 48 peuples possibles. Il faut bien prévoir que dans le reste de la France, il y aura quelques autres souverainetés, quelques autres peuples, à l’imitation de Paris. Nous aurons donc une république fédéraliste qui comptera pas mal de jolis petits peuples. « Fédéralistes, nous, va s’écrier l’orateur des Gravilliers; jamais? Cela c’est le crime des Girondins que nous nous proposons de faire guillotiner d'ici à quelques mois. » Les hommes de la Commune, ses défenseurs, les Robespierre, les Danton, les Billaud, etc., ayant soutenu dans leurs prétentions à l'indépendance les sections des Gravilliers et autres, il est permis de dire que les hommes avancés de notre révolution, qui n’ont pas compris la liberté, nous l'avons vu, n’ont pas davantage compris les conditions nécessaires de l'unité nationale, bien qu’ils l’attes-

tent à chaque instant, comme la liberté, d’ailleurs. Ces inconscients fédéralistes avaient à leur service un argument plus topique