La première Commune révolutionnaire de Paris et les Assemblées nationales

14 LA PREMIÈRE COMMUNE RÉVOLUTIONNAIRE DE PARIS

ment à sa vigilance. Or la Commune veut retenir à Paris la foule de scélérats « qui cherchent maintenant à se soustraire au châtiment dù à leur trahison ». Mais... pourquoi les retenir? Évidemment pour leur infliger le châtiment mérité! Comment la Commune entend-elle appliquer ou faire appliquer à cette foule son châtiment? Par le moyen ordinaire d'un Tribunal qui fera une instruction pour chaque prévenu, entendra son défenseur, etc., bref observera les formes dues? Alors il se passera du temps avant que cette affaire soit finie et que les barrières soient ouvertes ou que les passeports soient généralement accordés! Cela promet aux Parisiens une longue suspension de la liberté d’aller et de venir!... mais peut-être que la Commune entrevoit un moyen plus expéditif. Le lecteur voit bien ce que je veux dire, et quel grave soupçon se présente involontairement à l'esprit: on ne peut s'empêécher de penser aux massacres qui auront lieu dans une quinzaine. La Commune et les libertés intellectuelles. — Dès le 10 août au soir, « des commissaires sont nommés pour surveiller l'envoi des postes ». Autrement dit, la Commune veut empêcher l’envoi des journaux d’opinion contraire à la sienne. Nous l’allons voir tout à l'heure.

11 août (Procès-verbal, p. 13) : — « L'Assemblée, persuadée que les dangers qui menacent la patrie proviennent du mauvais choix des électeurs réunis à la Sainte-Chapelle !, ordonne que leurs noms seront imprimés et qu'ils seront regardés comme incapables de remplir aucune fonction. »

Eu créant ainsi des incapacités que la loi ne connaît pas, la Commune légifère indirectement (au moins pour Paris) et du mème coup elle attente à la liberté qu'ont les électeurs du premier degré (c’est-à-dire le peuple même) pour le choix

1. Ces électeurs sont ceux qui avaient nommé les députés à la Législative, et qui élâient depuis demeurés à l’état de corps autorisé à se réunir.