La première Commune révolutionnaire de Paris et les Assemblées nationales

354 LA PREMIÈRE COMMUNE RÉVOLUTIONNAIRE DE PARIS

législatif avait voulu faire venir à Paris 20 000 fédérés, qui, réunis aux Parisiens, auraient d’un côté contenu la cour et de l'autre les anarchistes. « Par malheur, ces 20 000 hommes ne vinrent pas à Paris, car ils nous auraient sauvés de l’anarchie; qui nous a dévorés depuis le 10 août, jusqu'à la réunion de la Convention. »

Plusieurs voix : « Dites jusqu’à présent ».

Cambon : « Le 2 septembre, je fus navré.... Le 3, en me levant, je dis à mes collègues : « Que deviendrons-nous, si nous «sommes tous abattus; on nous égorgera sans résistance ». Je montai à la tribune et je proposai une réquisition directe à la force armée; et si nous nous étions emparés ainsi de la force municipale, nous aurions prévenu l'anarchie. ILest vrai que la Constitution de 91 étant brisée, le Corps législatif n'avait plus de pouvoir, légalement parlant; il fut cependant obligé de garder ses pouvoirs (officiellement), jusqu’à ce que la nation eüùt dit : « J'approuve la révolution du 10 août ». Le côté droit était atterré. Il ne restait que 206 députés qui pussent encore parler; ceux qui avaient conservé la confiance publique en parlant contre Lafayette. On s'attaqua à ceux qui pouvaient encore monter à la tribune; on les désigna comme alliés avec Brunswick ou avec le fils du roi d’Angleterre. Dès lors des visites domiciliaires, des inquisitions de papiers. Le Corps législatif, je suis honteux de le dire, était accablé. C’est dans cet interrègne que nous vinrent des hommes couverts de sang, avec des piques sanglantes, nous amenant un de nos collègues revêtu du décret de l'inviolabilité. On l’amenait parce que le peuple savait encore ce que c'était que l’inviolabilité. Ces hommes vinrent nous CoMmander de juger Jouneau , de le juger dans la journée, «sinon le peuple souverain en ferait justice ». Voilà ce qui me fera toujours haïr la journée du 2 septembre; car je n'approuverai jamais les assassinats. Et on veut que, dans les circonstances

1. Jouneau avait élé envoyé à l'Abbaye, par décret, pour avoir provoqué en duel Grangeneuve.