La première Commune révolutionnaire de Paris et les Assemblées nationales

ET LES ASSEMBLÉES NATIONALES. 49

cendant que Danton exerçait encore à cette époque sur son collègue Roland : Danton aurait persuadé à Roland de choisir Fournier. Comme l’action de Danton sur Roland s’est exercée par conversation, il n’est pas présumable qu'on puisse jamais la prouver. Elle est simplement probable. Nous verrons bientôt une affaire dans laquelle Danton a joué à Roland, cette fois sans incertitude, un tour analogue à celui que Ternaux lui attribue dans cette affaire-ci.

Fournier et sa bande étaient arrivés à Orléans depuis quelques jours, quand les massacres de Paris commencèrent. Ce qui se passait à Paris suggéra à l’Assemblée des craintes trop raisonnables sur ce qui pouvait se passer à Orléans, du fait même des hommes envoyés par elle. Gensonné rédigea donc et fit passer un décret qui rappelait immédiatement à Paris la bande Fournier, et désignait le château de Saumur comme lieu où l’on devait conduire sous une simple escorte les prévenus de la Haute Cour. La municipalité d'Orléans, chargée de faire exécuter le décret de l'Assemblée, fit ce qu'elle put; mais Fournier et ses hommes refusèrent de se diviser, et après avoir promis au moins de se diriger sur Saumur, ils enfilèrent le chemin de Paris avec leurs prisonniers.

J'interromps momentanément l'histoire de cette bande; je la reprendrai en meilleure place.

La nuit de la (€ Grand’Peur ». — Je donne ce nom — on comprendra tout à l'heure pourquoi — à la nuit du 29 août 92. — Paris se plaignait de plus en plus d'être enfermé (voyez notre article sur la liberté de circuler). L’Assemblée, législative menaçait de se fâcher. — Cet état, trop anormal, ne pouvait pas durer. Cependant, les gens de la Commune estimaient qu'ils n'avaient pas encore assez fouillé Paris, pour y trouver les preuves de la Conspiration du 10 août — qui n'avait jamais existé — et qu'ils n’avaient pas non plus arrêté assez de mécontents, pour décourager toute résistance à leurs ordres.