La première Commune révolutionnaire de Paris et les Assemblées nationales

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marcher ou à livrer leurs armes ». — Ces quelques mots mettent le Conseil général fort en colère; il prend un arrêté qui mande Girey-Dupré à comparaître dans les vingt-quatre heures à sa barre « pour s'exprimer sur l’imposture qu’il a imprimée dans sa feuille ». — Il n’y avait pas d’imposture dans les lignes de Girey-Dupré, mais il y avait une révélation. Le journaliste prévenait, sans en avoir l’air, l’Assemblée législative que la Commune avait résolu une extraordinaire perquisition dans Paris, — cette perquisition que, le soir même, Danton devait présenter à l’Assemblée législative, comme un dessein propre au conseil exécutif. Cela pouvait porter l’Assemblée à rejeter la proposition de Danton, en lui apprenant qu'en réalité cette proposition venait, non des ministres, mais de la Commune. Et c’est ce qui causait en réalité la colère du Conseil général.

La Commune tombait mal. Elle rencontrait sur sa route un caractère : Girey-Dupré, au lieu d’une comparution, lui servit la lettre suivante que tout véritable ami de la Presse lira certainement avec plaisir.

« Vous m'avez mandé à votre barre, je ne m'y rends pas, parce que vous n’avez pas Le droit de m'y mander, parce que je connais et que je maintiendrai mes droits. Si vous vous croyez calomniés ou insultés, il es{ des tribunaux où je vous atiends; mais vous n'êtes pas un tribunal et encore bien moins pouvez vous juger dans votre propre cause. Si vous voulez essayer votre pouvoir contre les écrivains patriotes et détourner, en les effrayant, la vérité qu'ils doivent au peuple et qu'ils lui diront, vous avez mal choisi l’objet de cette épreuve. Je suis fermement résolu à défendre jusqu’à la mort la liberté individuelle et la liberté de la presse que vous attaquez, les droits de l'homme auxquels vous attentez, les droits du peuple que vous usurpez. »

Relevons cette attitude d’un individu seul, auprès de celle d’un corps collectif, qui, cependant, n’était rien moins que la représentation de tout un peuple; jusqu'ici la Législative n’a