La première histoire des guerres de la Vendée : essais historiques et politiques sur la Vendée du Chevalier de Solilhac
LA PREMIÈRE HISTOIRE DES GUERRES DE LA VENDÉE 85
fournissaient maints sujets de beaux récits; mais c’étaient surtout les épisodes vendéens qui captivaient leur jeune auditeur : « J'étais surtout charmé des récits de la Vendée. »
C’est que, dès son bas âge, son imagination avait été nourrie des dramatiques histoires de la Vendée, encore si récentes : « Depuis ma première jeunesse. dit-il, je m'intéressais à cet épisode de la Révolution, où fut mêlé un de mes parents, M. de Solilhac, et ces souvenirs avaient agi sur mon imagination (1) ». Ce parent s'était, en effet, « trouvé à presque toutes les grandes affaires de cette guerre », comme il l’écrivait lui-même le 8 juin 1816, au secrétaire d'État à la Guerre, Beurnonville, et comme nous allons le dire tout à l'heure; il y avait joué un rôle remarqué et c’est à sa plume, aussi brave que son épée, qu'est due la Première histoire des Guerres de la Vendée, que je présente aujourd’hui au public. « Le brave chevalier de Solilhac », comme l'appelle, dans ses Mémoires, Mr° de L'arochejacquelein, était pourtant, par son origine lointaine, étranger à la Vendée et à la Bretagne, et il y arriva, en mai 1793, par un chemin fort long et fort détourné, et à la suite d'aventures peu ordinaires, qu’il est intéressant de raconter. Mn° de Larochejacquelein nous dit ainsi son arrivée chez les Vendéens. C'était vers le 20 juin, quelques jours avant la prise de Parthenay par M. de Lescure (22 et 23 juin). M"° de Lescure s'était rendue au camp d’Amaïilloux, près Bressuire, avec son mari encore souffrant de la blessure qu'il avait reçue à Saumur. « Le lendemain, dit-elle, nous entendons une grande rumeur parmi les paysans, nous les voyons tenant deux volontaires ; pensant que ce peut être des déserteurs, nous courons, M. de Beauvollier et moi, les rassurer. Effectivement, c’étaient deux chasseurs de la Légion du Nord; ils avaient fui de Saint-Maixent et avaient été poursuivis pendant cinq lieues : ils étaient hors d'haleine et étaient fort effrayés de se voir tirés de tous côtés, par des paysans armés, les uns leur disant de crier : Vive le Roi, les autres les appelunt traîtres et voulant s’en défaire. Nous les primes sous le bras et les menâmes à M. de Lescure, qui était
(1) Souvenirs du baron de Barante, de l’Académie française. Calman-Lévy, 4890, t. Ier, p. 271.