La Presse libre selon les principes de 1789
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Certes, si la pensée humaine trouva l'arme des sorciers d'Outre-Rhin, et put s’en servir pour entamer la grande lutte, qui dure encore, contre les fatalités de la terre et du ciel, ce ne fut pas par la faute des rois très chrétiens. Personne n’ignore comment l'imprimerie fut, dès l’origine, confisquée par la société féodale, asservie à l'autorité monarchique et livrée à l’inquisition du clergé. Enrégimentés en corporations, les fondeurs de caractères, les imprimeurs et les libraires exerçaient leur industrie avec l'agrément du souverain, sous la triple surveillance des prêtres, des parlements et de la police séculière. Les auteurs ne pouvaient rien faire imprimer sans l’aulorisation préalable de l’Université, à moins d'exposer au feu leurs œuvres et leurs personnes.
Pendant un siècle et demi, la France vit brûler, au parvis Notre-Dame et en place de Grève, livres, typographes et auteurs.
Par bonheur les deux pouvoirs, le temporel et le spirituel, se prirent de jalousie l’un pour l’autre. L'absorbante royauté enleva dès qu’elle le put au clergé la surveillance directe de la pensée et la répression de l’imprimerie. Sur le conseil du chancelier de l’Hospital, le roi de France se réserva la délivrance des lettres de privilége, et daigna suspendre l’ap-