La représentation des aristocraties dans les chambres hautes en France : 1789-1815

LE CONSEIL DES ANCIENS 11

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« Je ne connais point, j'ose le dire, d'objection rai« sonnable à faire à la division du Corps législatif, « mais il existe contre ce principe sage une sorte dé « prévention, parce que les esprits inquiets, ardens et « ombrageux... croient toujours voir, dans cette insti« tution salutaire, la renaissance des titres anéantis, « la résurrection de la noblesse et la création de la « pairie. Accoutumés à ne pas séparer l'idée de deux € Chambres de celle d’une dignité héréditaire, ils erai« gnent que nous ne voulions naturaliser en France « le plus monstrueux des systèmes. Ah! qu'ils se ras« surent... »

Et Deleyre, en effet, ne s’attriste pas seulement à voir « couper ou scier un corps en deux pièces »; il redoute cette lèpre contagieuse d’ambilion qui s'attache aur grandes places qui, du siège ou de la robe, yagne le cœur de l’homme el n'en sort plus, «ce germe de royalisme couvé par laristocratie ». (1)

Mais, objecte Boissy, ce ne sera ni une Chambre des

« c’est les recommander davantage à l'affection et au respect. « Tout commande donc la nécessité d’opposer une digue puis« sante à l’impétuosité du Corps Législatif; cette digue c'est l’ex« périence qui va nous enseigner à la construire ; cette digue, « c’est la division du Corps Législatif en deux parties. » Ibid,

(1) « Qui, je le crains: par la distinction de deux conseils permanens va reparoitre l'aristocratie avec cette longue chaîne d'usurpations qui, sapant d’abord l'égalité, renversent bientôt la liberté...

« Le Sénat romain ne fut pas noble sans doute dès son origine, ni perpétuel et inamovible dans ses membres, ni surtout héréditaire dans ses familles; cependant il le devint...