La représentation des aristocraties dans les chambres hautes en France : 1789-1815

112 LA REPRÉSENTATION DES ARISTOCRATIES

pairs, ni un Sénat à vie (1). Le petit nombre des mem bres du Conseil des Anciens, leur àge et leur caractère de pères de famille doit également, selon Daunou, apaiser toute crainte (2). D'ailleurs, si quelquesuns redoutent sa toute puissance (3), d'autres, au

« L'établissement de deux Chambres est encore, comme il le fut d’abord, le vœu secret de tous nos ennemis, le vœu des rois, le vœu des nobles et des prêtres. les deux Chambres sont un séminaire d’aristocratie.. »

(4) «Une chambre des pairs est une production de l’orgueil féodal pour conserver les privilèges des grands et défendre l'autorité du trône ; elle ne peut être naturalisée dans le sein d’une république ; un Sénat à vie est une institution aristocratique non moins contraire aux principes sacrés qui ont préparé notre révolution qu'à ceux de l'intérêt public. »

(2) « Pour ne pas donner au Conseil des Anciens une teinte aristocratique ; pour l’assurer de tout le respect dont il aura besoin, nous avons pensé qu'il devoit être moins nombreux que le Conseil des Cinq-Cents et que ses membres devoient être plus âgés et porter l’auguste caractère de pères de famille. Quoi de plus propre en effet à concilier à ce corps la vénération du peuple et celle des autres autorités que cette moralité dont il sera revêtu ? »

(3) «... La puissance nationale résidera tout entière dans le Conseil des Anciens, elle n’aura pour contrepoids que l'opinion publique. Où se trouve dans cet ordre de choses la garantie de la liberté contre la puissance sans frein du Conseil des Anciens ? »

Eschassériaux, de même, croit que le Conseil des Anciens paralysera celui des Cinq-Cents.