La représentation des aristocraties dans les chambres hautes en France : 1789-1815

118 LA REPRÉSENTATION DES ARISTOCRATIES

semblées une composition et des fonctions différentes, peut-être l'erreur avait-elle consisté à ne pas assez diversifier leur composition et trop leurs fonctions ?

La condition d'âge était seule à conférer aux Anciens une réelle distinction quand, d'autre part, sortis de l'élection commune, mais en nombre restreint, et dépourvus du droit d'initiative et d’amendement, ils devaient rester inférieurs en puissance aux Cinq-Cents. De peur de créer une Chambre haute trop puissante et d’alarmer les préjugés récents, on l’avait instituée trop faible.

Au resté, il ne nous appartient pas d'en étudier ici l’histoire, un de ses caractères essentiels et volontairement déterminés, ayant élé précisément de n'y donner aucune place à une représentation aristocratique. Le Conseil des Anciens constitue, en ce sens, le seul précédent qu'on puisse citer au Sénat non pas de 1875, mais de 1884.

Peut-être pourrait-on arguer que la Constitution de l'an IT fonde une aristocratie d'âge ? Mais en fixant l'éligibilité des Anciens à 40 ans, elle ne différencie guère la composition des deux Conseils. Et il faudrait, bien paradoxalement, admettre la possibilité d’une aristocratie égalitaire, éphémère (les Anciens ne restent que trois années en fonctions) et même, tout au moins, pour la première composition qui n’est que des deux tiers (1), d'une aristocratie de loterie !

(1) Boi du 15 fructidor an IT,